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La carte et le territoire

Faisant appel à des techniques sophistiquées qui associent argile, peinture, collage et fragments végétaux, la démarche artistique de Marie-Ange Moignot-Lehec sort résolument des sentiers battus pour explorer un monde fréquemment jonché de symboles. L'effet cartographique, voire topographique qu'arborent la plupart de ses œuvres récentes ouvre un espace imaginaire à la pensée. Les couleurs qu'elle affectionne ressemblent aux fameuses terres de Roussillon, qui vont de l'ambre aux tons de brique. Le plus souvent, elle les utilise en aplats, créant des harmonies subtiles et délicates dont l'œil se délecte comme s'il s'agissait d'un pays tout à la fois lointain et familier.
Paysages singuliers mais d'une grande douceur, faisant parfois penser à des troncs d'arbre sectionnés aux cercles concentriques, les tableaux de Marie-Ange Moignot-Lehec apparaissent frémissants de mystère, comme s'ils enserraient un secret qu'il nous serait donné de décrypter. Une série comme « espaces habités » est, à ce titre, éminemment intéressante car elle laisse entrevoir un message empreint de culture, un héritage pétri d'immémoriale sagesse. Nous y voyons surgir des lignes, des signes, des traces, comme s'il s'agissait d'un passage vers une terre inconnue, une terre écrite comme elle nous dit ailleurs. Inventant sa propre calligraphie, l'artiste explore un territoire mythique et pourtant bien réel : celui de la quête spirituelle.
Des titres comme « Cheminement », « Dans l'ombre de la mémoire » ou « Ascension » sont tout aussi évocateurs. Peindre n'est en rien un pur loisir, mais une patiente recherche de sens, une ascèse menant l'artiste à son propre perfectionnement, son illumination. Un allègement progressif. Une rupture avec les pesanteurs du monde. Le ciel commence au ras du sol, mais il faut, pour s'élever, comprendre aussi qu'il est en nous, et rester à l'écoute de l'univers des autres. Parfois un poème surgit, comme pour mieux éclairer le pèlerin cherchant sa route dans le désert :

Comme un souffle
Dormir au fond des vallons
A s'imprégner de la sueur des mousses...



La Terre est une maison ouverte à tous les vents, comme un simple campement dans les sables. Et l'artiste est là, captant le moindre mouvement, la moindre vibration du sol, comme pour mieux se pénétrer de la magie du monde à l'image de laquelle nous sommes faits.

Luis PORQUET, critique d'art

Critique de André RUELLAN


© 2004-2005 Marie-Ange MOIGNOT LEHEC. Référencé sur www.art-culture-france.com